LE VOYAGE D'ANDRIN IV - l'hiver en haut du monde


CHapitre iV

Bien au chaud dans son atelier, Andrin savoure la joie de s’adonner à ses passions

d’antan. De leurs maigres écus, lui et sa Manon ont fait une auberge où dansent de

jeunes amours au rythme du chant des saisons.

Il se revoit enfant arracher à la vie des rêves comme on grappille au monde des raisins à

leur vigne.

Les perles qu’il a tissé au fil du temps ont fait un beau collier.

Près de l’âtre, il en dénoue le fil et savoure la joie de voir les joyaux de sa vie rouler

comme des billes dans les mains de ses enfants.

« N’oubliez jamais…

Vous êtes comme les doigts souples d’une main, indépendants, uniques et différents ;

mais qui regroupés, sont le poing qui éloigne les loups et tient la meute et ses dangers à

bonne distance. »

Par la fenêtre, le ciel lui déroule son manteau blanc épinglant à ses nuages les souvenirs

d’une vie pleine. Nuls remords.

Maintenant, dans l’hiver, dans sa montagne, il est prêt. Prêt à entreprendre la fin de son

voyage, tout en haut du monde…


LE SABOTIER

Paroles et musique : Yoann Pesenti

Pour faire de bien beaux sabots,

Des sabots qui claquent au marbre du château

Il faut bien s’aventurer dans l’atelier du sabotier

 

Que me rappelle, moi l’enfant badaud

Caché tout près du seuil d’une échoppe de bois

Près de la fenêtre une faille aux carreaux

Où j’y jetais coup d’œil et mirais travailler

 

Tourne le tour, mailloche aux ciseaux

Bien heureux courent tous va-nu-pieds

Volent au jour milliers de copeaux

Dans l’atelier du sabotier

 

Pour faire de bien beaux sabots,

Des sabots de saule à la pointe en biseau

Il faut bien les commander dans l’atelier du sabotier

 

Que me reviennent bien des nuits à rêver

Niché dans le coin de mon nid d’amour

Ornons les arpions de la maisonnée

Et de ma belle Manon qui marche dans la cour

 

Tailler, creuser et parer de velours

L’art est dans le geste et l’oeuvre est au pied

Viendra le jour où j’aurai à mon tour

Mon atelier de sabotier

 

Pour faire de bien beaux sabots,

Des sabots qui claquent au marbre du château

Il faut bien s’aventurer dans l’atelier du sabotier

 

Pour faire de bien beaux sabots,

Des sabots qui claquent au marbre du château

Il faut bien s’aventurer dans l’atelier du sabotier


À LA BONNE AUBERGE

D'après le traditionnels "La complainte de la blanche biche"
Réécriture et arrangements : Yoann Pesenti

Au petit matin je regarde au carreau

le long d’une berge, la pluie tombant

J’ai mis mon butin pour offrir en cadeau

Une bonne auberge pour mes enfants

 

Pelons les raves et salons la goberge

Dans ma bonne auberge qu’il y fait bon

De bons vins à la cave, de l’eau claire au cruchon

Si bien l’on vous héberge mes compagnons

 

Qu’il est loin le temps où je tirais ma charrette

Sous le beau soleil des étés ardents

Qu’il est reposant, d’écouter l’alouette

Assis à ma table, couteau dansant

 

Pelant les poires et salant la goberge,

Dans ma bonne auberge qu’il y fait chaud

Contons histoires près de l’âtre brulant

Du foyer qui réchauffe les bonnes gens

 

À la bonne auberge, s’arrête le temps

L’on y chante à l’aube et la nuit venant

Viennent les badauds et les jeunes amants

Rient le cœur au chaud et rêvent quiètement

 

Dans ma bonne auberge, j’y passe mes jours

Auprès de ma belle, mon unique amour

Passent les semaines, à suer des mains

Mais ma seule peine en sera la fin

 

Pelons racines et salons la goberge

Dans ma bonne auberge qu’on y est bien

Doux fumet en cuisine au bon goût de navarin

Où plonge la patine d’un morceau de pain

 

À la bonne auberge, s’arrête le temps

L’on y chante à l’aube et la nuit venant

Viennent les badauds et les jeunes amants

Rient le cœur au chaud et rêvent quiètement


LES CONFINS DU MONDE

Paroles et musique : Yoann Pesenti

Au loin je vois la ville qu’enlace doucement la caresse du vent

Quand le corps casse ses fils, les derniers tenants

Mais que restera-t-il, dans les névés fragiles, de ces terres blanches

D’une vie au devant d’un dernier tournant ?

 

Je cours dans le cœur des nuages

Là où s’éveille la Terre ronde et passent les remords

Une dernière image au rebord,

Des confins du Monde

 

Du vieil homme à l’enfant, de vives années brûlées dans une ruade

L’on me montrait les dents, j’en ris à mon âge

Et volent lentement, mes mémoires aux brumes, en leurs blancs rivages

Qu’on me montre du doigt, aux Lunes, je m’évade

 

Je cours dans le cœur des nuages

Là où s’éveille la Terre ronde et passent les remords

Une dernière image au rebord,

Des confins du Monde

 

Au loin j’entends les cris d’un loup qui n’en peut plus de ses noires humeurs

Près de l’eau claire de l’Arroux, mon bâton en son cœur

 

Je plonge dans les brumes des nuages

Là où s’éveille la Terre ronde, son parchemin me tend

Pour un dernier voyage au devant,

Des confins du Monde

 

Je plonge au plus profond des nuages et dans le coin

Manon sourit les flambeaux par la main

Une dernière image au rebord,

Des confins du Monde

 

Et je m’envole comme une onde

Et je m’envole comme une onde

Et je m’envole comme une onde