Bien au chaud dans son atelier, Andrin savoure la joie de s’adonner à ses passions
d’antan. De leurs maigres écus, lui et sa Manon ont fait une auberge où dansent de
jeunes amours au rythme du chant des saisons.
Il se revoit enfant arracher à la vie des rêves comme on grappille au monde des raisins à
leur vigne.
Les perles qu’il a tissé au fil du temps ont fait un beau collier.
Près de l’âtre, il en dénoue le fil et savoure la joie de voir les joyaux de sa vie rouler
comme des billes dans les mains de ses enfants.
« N’oubliez jamais…
Vous êtes comme les doigts souples d’une main, indépendants, uniques et différents ;
mais qui regroupés, sont le poing qui éloigne les loups et tient la meute et ses dangers à
bonne distance. »
Par la fenêtre, le ciel lui déroule son manteau blanc épinglant à ses nuages les souvenirs
d’une vie pleine. Nuls remords.
Maintenant, dans l’hiver, dans sa montagne, il est prêt. Prêt à entreprendre la fin de son
voyage, tout en haut du monde…
Paroles et musique : Yoann Pesenti
Pour faire de bien beaux sabots,
Des sabots qui claquent au marbre du château
Il faut bien s’aventurer dans l’atelier du sabotier
Que me rappelle, moi l’enfant badaud
Caché tout près du seuil d’une échoppe de bois
Près de la fenêtre une faille aux carreaux
Où j’y jetais coup d’œil et mirais travailler
Tourne le tour, mailloche aux ciseaux
Bien heureux courent tous va-nu-pieds
Volent au jour milliers de copeaux
Dans l’atelier du sabotier
Pour faire de bien beaux sabots,
Des sabots de saule à la pointe en biseau
Il faut bien les commander dans l’atelier du sabotier
Que me reviennent bien des nuits à rêver
Niché dans le coin de mon nid d’amour
Ornons les arpions de la maisonnée
Et de ma belle Manon qui marche dans la cour
Tailler, creuser et parer de velours
L’art est dans le geste et l’oeuvre est au pied
Viendra le jour où j’aurai à mon tour
Mon atelier de sabotier
Pour faire de bien beaux sabots,
Des sabots qui claquent au marbre du château
Il faut bien s’aventurer dans l’atelier du sabotier
Pour faire de bien beaux sabots,
Des sabots qui claquent au marbre du château
Il faut bien s’aventurer dans l’atelier du sabotier
D'après le traditionnels "La complainte de la blanche biche"
Réécriture et arrangements : Yoann Pesenti
Au petit matin je regarde au carreau
le long d’une berge, la pluie tombant
J’ai mis mon butin pour offrir en cadeau
Une bonne auberge pour mes enfants
Pelons les raves et salons la goberge
Dans ma bonne auberge qu’il y fait bon
De bons vins à la cave, de l’eau claire au cruchon
Si bien l’on vous héberge mes compagnons
Qu’il est loin le temps où je tirais ma charrette
Sous le beau soleil des étés ardents
Qu’il est reposant, d’écouter l’alouette
Assis à ma table, couteau dansant
Pelant les poires et salant la goberge,
Dans ma bonne auberge qu’il y fait chaud
Contons histoires près de l’âtre brulant
Du foyer qui réchauffe les bonnes gens
À la bonne auberge, s’arrête le temps
L’on y chante à l’aube et la nuit venant
Viennent les badauds et les jeunes amants
Rient le cœur au chaud et rêvent quiètement
Dans ma bonne auberge, j’y passe mes jours
Auprès de ma belle, mon unique amour
Passent les semaines, à suer des mains
Mais ma seule peine en sera la fin
Pelons racines et salons la goberge
Dans ma bonne auberge qu’on y est bien
Doux fumet en cuisine au bon goût de navarin
Où plonge la patine d’un morceau de pain
À la bonne auberge, s’arrête le temps
L’on y chante à l’aube et la nuit venant
Viennent les badauds et les jeunes amants
Rient le cœur au chaud et rêvent quiètement
Paroles et musique : Yoann Pesenti
Au loin je vois la ville qu’enlace doucement la caresse du vent
Quand le corps casse ses fils, les derniers tenants
Mais que restera-t-il, dans les névés fragiles, de ces terres blanches
D’une vie au devant d’un dernier tournant ?
Je cours dans le cœur des nuages
Là où s’éveille la Terre ronde et passent les remords
Une dernière image au rebord,
Des confins du Monde
Du vieil homme à l’enfant, de vives années brûlées dans une ruade
L’on me montrait les dents, j’en ris à mon âge
Et volent lentement, mes mémoires aux brumes, en leurs blancs rivages
Qu’on me montre du doigt, aux Lunes, je m’évade
Je cours dans le cœur des nuages
Là où s’éveille la Terre ronde et passent les remords
Une dernière image au rebord,
Des confins du Monde
Au loin j’entends les cris d’un loup qui n’en peut plus de ses noires humeurs
Près de l’eau claire de l’Arroux, mon bâton en son cœur
Je plonge dans les brumes des nuages
Là où s’éveille la Terre ronde, son parchemin me tend
Pour un dernier voyage au devant,
Des confins du Monde
Je plonge au plus profond des nuages et dans le coin
Manon sourit les flambeaux par la main
Une dernière image au rebord,
Des confins du Monde
Et je m’envole comme une onde
Et je m’envole comme une onde
Et je m’envole comme une onde