LE VOYAGE D'ANDRIN I - LE PRINTEMPS DANS LES PLAINES


CHapitre i

« La ballade du vieux »
Clamait ma mère avant de commencer à nous conter l'histoire de mon grand-père.
Mon papi, ce héros, un chevalier à l'armure de carton monté sur un destrier fait de
chiffon. Un fidèle qui écoutera toujours les promesses qu'il s'était faites enfant pour
suivre le chemin de l'homme qu'il allait devenir. Le convive parfait qui transformait un triste repas en une fête, qui balançait sous ses pas une danse qui faisait lever le parterre et rendait à ses hôtes le bonheur simple de tournoyer dans la farandole de ses chansons. En sa compagnie on levait le coude à la vie.


Aujourd'hui, veinard, c'est ton tour.
Alors mon loupiot, chauffe l'impatience de ton coeur au feu de la veillée et écoute, comme je le fis avant toi, le voyage d'Andrin…

 


CHEVAL-BÂTON

 

Paroles et musique : Yoann Pesenti

Pour le nouvel an j’ai reçu un cheval-bâton
Il est tel un étalon et je galope à la promenade en pantalon
Taillé dans le buis, bien plus râblé qu’un rejeton
Une tête à son quignon, de fière allure, l’étoffe rembourrée de coton


Au matin à la ville se rassemblent les mouflons
Les gamins pouilleux des rades, épées de bois, s’en vont à la guerre en garnison
Je suis le capitaine, j’en ai fait le sermon
J’attends sur mon bout de bois quand viendra le jour que j’aurai le poil au menton


Cheval-bâton, je suis le roi du Monde
Quand je trône sur le dos de mon cheval-bâton
Tous à la ronde et fredonne ma chanson
Cheval-bâton, à l’abri des canons
Rien ne m’atteint sur le dos de mon cheval-bâton
Cheval-bâton, tous à la ville et tourne en rond


J’ai couru la ville à dos de mon cheval-bâton
Un chevalier en guenilles, je n’en ai cure, moi je suis le prince du canton
J’ai trouvé ma belle au pied d’un saule en floraison
Plus naïve qu’un ânon, un beau jour j’aurai la main de ma mie Manon


Cheval-bâton, je suis le roi du Monde
Quand je trône sur le dos de mon cheval-bâton
Tous à la ronde et fredonne ma chanson
Cheval-bâton, à l’abri des canons
Rien ne m’atteint sur le dos de mon cheval-bâton
Cheval-bâton, tous à la ville et tourne en rond


Je fais le tour du monde
Bien assis sur le dos de mon cheval-bâton
La route est longue et résonne ma chanson
Cheval-bâton, venez ma mie Manon
Bien attelée sur le dos de mon cheval-bâton
Cheval-bâton, loin de la ville et tourne en rond


LA TAMBOUILLE

Paroles et musique : Yoann Pesenti

À table !

 

Pour faire la tambouille, on n’est pas des niguedouilles

On sait couper les fenouils et farcir les andouilles
À la chasse à la grenouille on ne rentre pas bredouilles
Si l’on fouille l’eau qui mouille, on les entend qui gazouillent


Pour préparer la tambouille, j’ai fait chauffer mon chaudron
J’ai bien pelé la panouille, et coupé les potirons
Des oeufs pochés dans le vin et bonnes pognées de croutons
Un petit clairet divin en y attendant la cuisson
Mais nous aujourd’hui on a faim, on veut du lard et du jambon !


Pour préparer la tambouille, j’ai fait chauffer mon fourneau
J’ai gratiné la patouille, avè les treuffes à la piau
Un trait d’eau claire à mon vin et du saindoux dans les crapiaux
Et quand j’estouffe le bovin, il y a de la buée sur les carreaux
Mais nous au banquet du matin on veut des gouères aux bigarreaux !


Pour préparer la tambouille, j’ai fait chauffer mon poêlon
J’ai bien creusé la citrouille et déplumé le chapon
Du bon gras dans les guiboles, çà prépare à la moisson
Du thym dans les caracoles, çà parfume la maison
Mais nous au Chastiau de Charolles on veut des dindes et des grattons !


Nous on fait la tambouille, ziguezigue, ziguedon
Dans la maison çà grouille et çà sent bon le graillon !
Nous on fait la tambouille, ziguezigue, ziguedon
Et si un jour vous avez faim venez chez nous les bourguignons !


Pour faire la tambouille, on n’est pas des niguedouilles
On sait couper les fenouils et farcir les andouilles
À la chasse à la grenouille on ne rentre pas bredouilles
Si l’on fouille l’eau qui mouille, on les entend qui gazouillent


Pour faire la tambouille, on n’est pas des niguedouilles
On sait couper les fenouils et farcir les andouilles
À la chasse à la grenouille on ne rentre pas bredouilles
Si l’on fouille l’eau qui mouille, on les entend qui gazouillent


manon la belle

 

Paroles et musique : Yoann Pesenti

Si belles sont les terres quand les printemps fleurissent
Quand sortent de leur hiver de doux parfums de délices
Bien à l’abri d’une ombrelle, sous le soleil de Mai
Voyez-vous Manon la belle qui s’enfuit du grand palais


Et na na na na no et les hommes sont cueillis
Par la belle et son fagot qui flâne dans les taillis
Et na na na na no et les hommes sont épris
De ses yeux comme des joyaux qui ne mirent point de mari


Celle qui tourne le dos à la claire lueur de lune
Celle qui parle tout haut sur les cimes des blanches dunes
Entourée de maints amants à la danse des bons-amis
N’a d’yeux que pour l’indigent que nul autre n’a choisi


Manon la belle est à la Terre ce que l’or est aux riches
Pure comme l’eau claire des plus hauts sommets d’Autriche
Qui l’eût cru qu’un miséreux issu de bas ménage
Fut un jour l'élu bien heureux d’une belle au doux visage


Et na na na na no, moi qui vantait à la lyre
Sous l’ombre d’un bel ormiau Manon la belle et son sourire
Et na na na na no, nos deux coeurs en sont épris
Et ses yeux comme des joyaux mirent en moi un mari


Ne tourne pas le dos à la claire lueur de lune
L’on raconte qu’au château on promet grande pécune
On se passera le mot que tribut sera remis
À qui mène à l’échafaud le miséreux bon-ami


Manon la belle était à terre cueillant des fleurs de lys
Se reflétait dans l’eau claire sa robe de blanc batiste
Si belle, si belle, si belle, Manon la belle au corps béni


Ne tourne pas le dos à la claire lueur de lune
L’on dit que le monde est beau au-delà des blanches dunes
Prenons la route à l’aube sur le quai des bons-amis
Par delà le royaume vers un nouveau pays