LES VOILES DE L'AMARANTE

Textes de Yoann Pesenti


ASCELIN, LE MARIN

Voix : Alexandre Gillet

« Aujourd’hui, j’ai le cœur qui vibre, mes genoux s’entrechoquent, mes pensées s’entremêlent.

Je l’attends, les yeux en éveil depuis bien trop longtemps. Le chant du coq. Celui qui annonce le grand jour, ce jour qu’on loue depuis tant d’années, depuis tant de mois, depuis, au fond, si peu de temps…

 

Aujourd’hui, je quitte ma terre, fier, vers cet inconnu qui fait s’exulter ma joie mais qui réveille aussi mes craintes les plus enfouies. Est-ce que j’en reviendrai ? Au fond, je ne sais ce qui m’appelle. La mer ? Le devoir ?

 

Demain, je serai loin et je les verrai enfin ces voiles immenses dont j’ai tant rêvé…

Demain, je le ferai, pour eux, je le ferai pour elles, et qui sait ?

Qui sait…

 

Pour moi, peut être… »


LES VOILES DE L'AMARANTE

Chant : Yoann Pesenti

Avec Soazic Le Guisquet à la harpe

Plongée dans les saccades des courants

Se reflète sa figure dans les plis de l’océan

Cogné par les ruades des gréements

Un navire à fière allure les huniers pris dans le vent

 

Pris dans de vieilles rades, ses marins

Ne craignent pas les chimères que racontent les ragots

Eux qui laissent dans le large les mutins

Point n’ont peur de la guerre ni des combats de grandes eaux

 

Compagnons en avant, voguons sous les voiles

L’horizon loin devant, à mener la cavale

Crions, crions, d’une voix tonitruante

Le chant des matelots du haut du pont de l’Amarante

 

Son grand et noble capitaine va rêvant 

Le regard décidé, fidèle à l’instinct qui le guide

Point ne craint les krakens malfaisants

Même si les mats sont brisés, les nœuds restent solides

 

Compagnons en avant, voguons sous les voiles

L’horizon loin devant, à mener la cavale

Crions, crions, d’une voix tonitruante

Le chant des matelots du haut du pont de l’Amarante

 

Comment imaginer un monde de richesses

Aux plus de vingt-mille aventures vers une terre en vue demain ?

Comment combattre l’affront de la paresse

En guidant à vive allure le timon du bout des mains ?

 

Et quand les siècles auront effacé les mémoires

Resteront dans les tiroirs les récits de notre temps

Que mille ans ou bien que cinquante nous séparent

Que mille vents auront balayé le roman

D’un marin vaillant et de son fidèle équipage

Les voiles de l’Amarante en son sillage

 

Compagnons en avant, voguons sous les voiles

L’horizon loin devant, à mener la cavale

Crions, crions, d’une voix tonitruante

Le chant des matelots du haut du pont de l’Amarante

 

Compagnons en avant, voguons sous les voiles

L’horizon loin devant, à mener la cavale

Crions, crions, d’une voix tonitruante

Le chant des matelots du haut du pont de l’Amarante


un navire À la mer

Chant : Yoann Pesenti et Louise Anthoine

Un navire à la mer, la ma liguelonlaine

Vers de de nouvelles terres, la ma liguelonla

Un navire à la mer, la ma liguelonlaine

Vers de de nouvelles terres, la ma liguelonla

 

Feu mon père faisait grande cause des hommes d’honneur

Jeune et fier, je rêvais de suivre mon chemin

Ce vieux grigou qui voulait que j’ose aller seigneur

Jeune et fou je m’en allai vivre mon destin

 

Un navire à la mer, la ma liguelonlaine

Mène les hommes à la guerre, la ma liguelonla

Un navire à la mer, la ma liguelonlaine

Mène les hommes à la guerre, mène les hommes au combat

 

Pour ma mère, j’ai franchi les portes et quitté la ville

Pour lui plaire, j’ai pris mon cheval au petit matin

« Va mon bel, que la vie t’apporte métier facile

Bats des ailes, passe le chenal et trouve le tien »

 

Un navire à la mer, lama liguelonlaine

Cent canons tirent en l’air, la ma liguelonla

Un navire à la mer, la ma liguelonlaine

Cent canons tirent en l’air, cent canons tirent en bas

 

Pour mes frères j’allai au village où l’on recrute

Le Cinque-Ports et d’autres géants cherchaient marins

« Va petit, et que ton courage mène à ton but

Car ta vie attend son élan vers mille butins »

 

Un navire à la mer, lama liguelonlaine

Deux mille boulets de fer, la ma liguelonla

Un navire à la mer, la ma liguelonlaine 

Deux mille boulets de fer, trois cents tonneaux de bois

 

Pour ma belle et l’enfant qu’elle porte j’irai vaillant

Point n’oublierai ses yeux que je vise revoir demain

« Va mon bel, je resterai forte, au cœur aimant

Et par le ciel, j’enverrai aux brises mon parfum »

 

Un navire à la mer, la ma liguelonlaine

Mène à de de nouvelles terres, la ma liguelonla

Un navire à la mer, la ma liguelonlaine

Mène à de de nouvelles terres, la ma liguelonla

 

Un navire à la mer, lama liguelonlaine

Mène à de nouvelles terres, la ma liguelonla

Un navire à la mer, la ma liguelonlaine

Mène à de nouvelles terres, bien plus loin que l’on croit


chantevent

Chant : Yoann Pesenti et Julie Bouchet

Avec Soazic Le Guisquet à la harpe

Allons… Allons... Allons… Allons...

 

Allons mes grands, partons devant, suivons le chemin

Allons à l’eau, bravons les flots, qui font les grands marins 

Allons haubans et nœuds savants noués de nos mains

Allons, allons, voiliers, galions, dans les vents salins

Allons, allons, nos pavillons qui flottent aux embruns

Allons à l’eau, point de repos pour ceux qui vont plus loin

Allons mes grands, l’épée au flanc, pour y gagner notre pain

 

Comme vont les vagues, hissez haut les voiles

Loin du continent

Comme vont les hommes qui les eaux sillonnent

Dans un galop lancinant

Comme vont les flots tous les matelots

Virent au-devant

Voguent sans détour, voguent sans retour

Vers les rives de Chantevent

 

Allons mes grands, dans les romans, on y parle d’un mystère

Allons là-bas, comme l’Omega dépassant les frontières

Allons foulons, le sable blond de cette lointaine terre

Allons mes grands, contre le vent, fuyons, fuyons la guerre

Allons patients, prenons le temps d’apaiser nos colères

Allons vaillants et fièrement bien au-delà des mers

Allons à l’eau, le cœur au repos là où courent les rivières 

 

Comme vont les vagues, hissez haut les voiles

Loin du continent

Comme vont les hommes qui les eaux sillonnent

Dans galop lancinant

Comme font la course, trouveront la source

De tous les courants

Voguent sans détour, voguent sans retour

Vers les rives de Chantevent

 

Allons… Allons... Allons… Allons...


amazir, LE RÊVEUR

Voix : Karim Saïdi Imaziren

« Que nous cache ce monde ? 

 

Où vont les rivières effacées dans le ventre des océans gourmands ? 

 

Et les lumières, diluées par le crépuscule ?

 

Cette étoffe douce sur l’horizon lointain que l’homme ne peut atteindre… 

 

Que nous cache-t-il, ce bleu ? Si intense, si profond, que le ciel nocturne s’y reflète sans coupure sur une mer d’huile et les étoiles y glissent sans fracas, tout autour de moi… 

 

Quand l’homme est immobile, le temps vient sans complexe dévorer ce qui lui reste de tant d’années d’efforts. La mer, elle, n’attend pas. Si l’eau parfois reste morte, le vent toujours l’anime et les courants l’emportent, dans les flots incessants, toujours en mouvement. 

 

Alors, en rêveur, dans cette quête de sens, j’irai là-bas, vers ces terres inespérées que la nuit ne quitte pas. Éclairé par la lune, sur mon navire je suivrai les étoiles, pour demain le glisser dans le creux de mes main »


GARAMANTES

Chant : Yoann Pesenti

Ils vivent à la nuit quand t’embrase le soleil

Sous la lune qui frémit d’un nacre sans pareil

Guidés par le bruit des pas de leurs chevaux, te dis-je

Hou hou hou, les pas de leurs chevaux, vraiment ?

Hou hou hou, les pas de leurs chevaux

 

Jamais immobiles, ils marchent au levant

Les longues files qui sillonnent le long des sables blancs

Bien loin du grésil qui tombe dans nos mains, te dis-je

Hou hou hou, qui tombe dans nos mains, vraiment ?

Hou hou hou, qui tombe dans nos mains 

 

 

Ces camelots de pierres fines, qu’ils portent dans le dos

Des grenats, des opalines, qui brillent au falot

Ils bâtiront dans les ravines les villes de demain, te dis-je

Hou hou hou, les villes de demain, vraiment ?

Hou hou hou, les villes de demain

 

Hou hou…

 

L’un des leurs, grand rêveur, n’enviait qu’une seule chose

Cueillir un beau jour une fleur, dans un champ de roses

Guidé par les étoiles il partit à la nuit, te dis-je

Hou hou hou, il partit à la nuit, vraiment ?

Hou hou hou, il partit à la nuit

 

Cap vers sa cible, il s’en alla sifflant

En s’éloignant de la ville qui reprenait son chant

La fleur comme sa vie, que nul ne mangera, te dis-je

Hou hou hou, que nul ne mangera, vraiment ?

Hou hou hou, que nul ne mangera

 

Hou hou…


AL INSANIA

 الإنسانية

Chant : Yoann Pesenti et Julie Bouchet

Les murs blancs d’une forteresse

D’un lieu vivant qui protège la liesse

De mille gens unis dans l’alégresse

Je crois que je vois Bab illa al insania

 

Je vois des milliers de badauds

Bab illa al insania

Le cœur ouvert au renouveau

Bab illa al insania

Les mains se serrent, s’échangent les mots

Bab illa al insania

Des mots divers, d’écolâtres où d’argot

Bab illa al insania

 

Sur les pavés on peut suivre à la trace

Bab illa al insania

Au son des criées, tous les chands qui passent

Bab illa al insania

Dans les allées au gré des rues vivaces

Bab illa al insania

S’étalent les rêvent sortis de leurs besaces

Bab illa al insania

 

Là-bas où nous portent nos pas

Nous les voyageurs

Un monde à portée de bras

Au cœur d’Al insania

 

Dans les couleurs des voiles chamarrées

Bab illa al insania

Des batelets du port bien amarrés

Bab illa al insania

Majestueux il trône à la marée

Bab illa al insania

Lui qui m’emmènera loin d’Insaniya

Bab illa al insania

 

Dans la chaleur d’un été infini

Bab illa al insania

Au large j’aperçois ce berceau de la vie

Bab illa al insania

Où chantent les voix, loin des cris de la nuit 

Bab illa al insania

Des haros éperdus ou des Tekeli-li

Bab illa al insania

 

Là-bas où nous portent nos pas

Nous les voyageurs

Un monde à portée de bras

Au cœur d’Al insania


VITTO, LE MARCHAND

Voix : Paul Vésin

« Les recettes sont minces, c’est pas les caves de Rome… J’ai les malles qui grelottent, il va falloir de la masse à rembourrer.

 

Demain c’est le marché au bourg et j’ai aperçu la charrette de cette crapule de Balthus le Gredin… Il faut que je le garde à l’œil, dans ce métier il’y a pas de place pour deux ; si je ne le ruine pas c’est lui qui me la fera à l’envers. Arh… J’aurais un étal un peu maigrelet mais ça devrait suffire pour payer mon voyage. 

 

Les routes ça me manquent. Avec ma patte folle c’est plus la même mais j’en referais bien de ces marches. En plus c’est pas au patelin que l’aurai ma richesse. Et puis c’est pas non plus en esmayant les filles pour les mener danser la Bora que je le trouverai mon trésor…

 

C’est décidé, je repars pour un tour. J’ai croisé un type louche à la ville ce matin, un drôle de bougre, ahuri comme une taupe à poétiser sur les îles. Il parlait d’un butin, ça m’a tiré l’oreille. Je sais pas s’il divaguait ou quoi mais je devrais creuser. On sait jamais, il y a un rafiot qui embarque dans trois jours, si ça se trouve je pourrais y donner la main, et remplir quelques barriques… »


LES MAINS À LA BOURSE

Chant : Yoann Pesenti

Braves gens venez, un peu plus près de nous

Approchez, approchez, il y en a pour tous les goûts

J’ai dans mes paniers des épices, des bijoux

Des chandelles cirées et des briquets d’amadou

 

Tous les mets de mes malles n’attendent que vous

Des Shangy de l’Oural et des gogues d’Anjou

J’ai ramené des cales ou macèrent le mout

De l’eau-de-vie du Val et du cidre doux 

 

J’ai des biens de valeur pour orner votre cou

Je ne prends que le meilleur, de bons choix, de bon goût

J’ai des écrins de couleurs faits de bois d’acajou

J’ai des mets de saveurs, et des noix de cajou

 

Chantons, la main à la bourse

Les colporteurs qui se tirent à la course

Chantons, nos étals bout à bout

« Braves gens venez, braves gens suivez-nous »

 

Chantons, la main à la bourse

Nous sommes aux voyageurs ce que l’ail est à la gousse 

Chantons, nos étals bout à bout

« Braves gens venez un peu plus près de nous »

 

Le secret de mon art je le tiens de mon bagou

Je traquerai tel Achab votre rêve le plus fou

Je vendrais bien mon âme à qui en a le sou

Suivi d’un coup de lame pour reprendre le tout 

 

Chantons, la main à la bourse

Les colporteurs qui se tirent à la course

Chantons, nos étals bout à bout

« Braves gens venez, braves gens suivez-nous »

 

Chantons, la main à la bourse

Nous sommes aux voyageurs ce que l’ail est à la gousse 

Chantons, nos étals bout à bout

« Braves gens venez un peu plus près de nous »

 

Braves gens, braves gens suivez-nous, braves gens venez, jeunes et forts, vieux et fous

Braves gens venez, heh ! bravez gens venez, heh ! Bravez gens venez un peu plus près de nous 

Braves gens, braves gens suivez-nous, braves gens venez, jeunes et forts, vieux et fous

Braves gens venez, heh ! bravez gens venez, heh ! Bravez gens venez un peu plus près de nous 

Braves gens, braves gens suivez-nous, braves gens venez, jeunes et forts, vieux et fous

Braves gens venez, heh ! bravez gens venez, heh ! Bravez gens venez un peu plus près de nous 

Braves gens, braves gens suivez-nous, braves gens venez, jeunes et forts, vieux et fous

Braves gens venez, heh ! bravez gens venez, heh ! Bravez gens venez un peu plus près de nous 

 

Braves gens venez, heh ! Braves gens venez, heh ! Braves genves venez, heh heh! 

Braves gens venez, heh ! Braves gens venez, heh ! Braves genves venez, heh heh! 

Braves gens venez, heh ! Braves gens venez, heh ! Braves genves venez, heh heh! 

Brave Jean-René, heh ! Brave Jean-René, heh ! Brave Jean-René, hey heh !


BOUTEILLES DE RHUM

Chant : Yoann Pesenti

Avec Claude Courtieu à l'accordéon

J’ai ramené du port, une bouteille de rhum

Du fin fond d’une étable où festoyaient des hommes

Quinze marins grands et forts m’ont invité à table

Et offert un trésor dont je n’connais la somme

 

« Si tu vas vers le Nord, au-delà des frontières

Aux terres inconnues, que nulles cartes ne nomment

Que deviendras-tu ? Et que pourras-tu faire ?

Quand pointeront les pierres des anciens oppidums »  

 

« Si tu pars au matin n’oublie pas cet adage

On soigne son chagrin quand plus rien ne le soulage

Avec une goulée d’eau, du pain et de la tomme

Ho ho et une bouteille de rhum »

 

« De longues errances, nous connaissons la mer

Ses brusques algarades sur les coques de bois

Pour se donner confiance et braver ses colères

Entre bons camarades, nous nous tenons les bras

 

Dans ces temps agités qui freinent les voyages

Nos corps secoués et nos cœurs en ballotage

Prenons pour soulager, une once de sérum 

Ho ho et une bouteille de rhum »

 

Je ne suis pas de ceux qui ont perdu la guerre

Contre la peur du monde au bout de l’océan

Je ne veux pas comme eux, me bercer dans la bière,

Qui tous les soirs inondent leurs gosiers d’imprudents

 

Buvant à même le fût à s’en brûler les lèvres

À s’en brouiller la vue, les yeux noyés dans le verre

À bafouiller les mots, à s’en cogner la pomme

Ho ho et une routeille de bhum

 

« Nous avons tant d’histoires de braves voyageurs

S’imaginant la gloire à la portée du cœur

Si peu sont revenus, le temps nous est témoin

Le hardi qui revient, y perd ses valeurs »

 

« Tant que nous serons preux et fidèles à nos rêves

Nous resterons heureux d’aider ceux qui se relèvent

Nous offrirons ce verre à tous les gentilhommes

Ho ho et une bouteille de rhum »


MINA, LA FUGITIVE

Voix : Julie Pierron

« Non, je n’ai pas peur.

 

Ma vie m’appartient, je veux l’écrire, de ma main. Ce ne sont pas les autres, les « pères », les « savants » qui choisiront ma voie. Savant de quoi d’abord ? Ces gens connaissent les cartes, ils connaissent les sciences, l’histoire, les arts. Mais savent-ils ce à quoi leurs enfants rêvent ? Savent-ils ce à quoi leurs épouses aspirent ? Leurs joies ? Leurs peines ? N’ont-ils pas compris que derrière les carreaux de leur palais sans chauffage le monde n’attend pas ? Et moi, qu’ai-je à gagner à rester ici, figée comme les marbres de la chapelle, sans vie, sans étincelle ?

 

Non, je n’ai pas peur.

 

Et puis, je n’ai pas comme eux ce besoin d’écrire mon nom dans la pierre pour l’éternité. L’éternité se moque bien de nous d’ailleurs. Nos vies sont si courtes alors pourquoi les gâcher derrière ces règles centenaires. Et qui les a écrites d’ailleurs ? Ça n’a pas suffi à ne pas les faire tomber dans l’oubli, eux. Ha ! Quelle ironie…

 

Non, non, je n’ai pas peur.

 

 

Alors, jugez, accusez, punissez si ça vous soulage. Moi, bientôt je serai à des lieues d’ici sur un voilier géant. J’ai déjà ma place hein ! Alors, que l’on m’oublie demain, tout ça m’importe peu. Ma liberté, je l’aurai enfin.  »


IZTOCHEN TANTZ 

Източен танц  (Danse de l’Est)

Nié ghéníte / ние жените (Nous les femmes)

Corrections bulgare : Gergana Kusheva

Когато доминиращите ветрове

Тези от запад, които се впускат на изток

Когато тези ветрове ни въвличат в танца

Танца на света

 

Ние, жените оттук и оттам

Се хващаме за ръце

В един безкраен кръг

За да си дадем сила

За да си дадем смелост

Да сме в правото си

 

Traduction :

Quand les vents dominants

Ceux de l'ouest qui foncent à l'est 

Quand ces vents nous entraînent dans la danse 

La danse du monde 

 

Nous les femmes d'ici et de là-bas 

Nous prenons par la main 

Dans une ronde infinie 

Pour se donner la force

Pour se donner le courage 

D'avoir le droit


LE BANC DES MARIÉES

Chant : Yoann Pesenti, Louise Anthoine, Lucile Anthoine et Julie Bouchet

Avec Mercy Bourgeois au chant lyrique

« Me voyez-vous ma mère, mes longs cheveux noués

Dans le doux parfum de la bruyère, au banc des mariées

Mais que deviennent mes plus jeunes années

Ternies par un anneau qui m’entraîne dans un sablier

 

– Je te vois bien ma belle, tes longs cheveux dorés

Mais en toi faiblit l’étincelle au banc des mariées

Que te viennent tes plus belles années

Libre de l’anneau qui t’enchaine au flanc d’un marronnier

 

– Voudriez-vous ma mère, me laisser m’en aller

Ce soir au cœur de la clairière du banc des mariées

Que loin me mène mon cœur bien décidé

J’irai briser les anneaux de mes chaînes loin du sablier

 

– Pour moi vient l’hiver mais au temps de nos aînés

Comme toi je rêvais de grand air au banc des mariées

Bien vaut ma peine, je puis te pardonner

Et j’attendrai que tu me reviennes au flanc du marronnier

 

– Me voyez-vous ma mère, mes longs cheveux noués

Dans le doux parfum de la bruyère au banc des mariées

Quoi que deviennent mes plus jeunes années

Dès demain je m’en irai sereine loin de ma comté »


FILLE DU VENT

Chant : Lucile Anthoine

Toi qui fends la vie, courant à pas de loup

Tu fends l’air et la pluie autour de nous

Toi qui fuis les hommes, ton cap, loin devant

On te nomme, nomme, nomme, Fille du vent

 

Tu ouvres ton livre, plongée dans les images

Égarée dans les coursives de tes longs voyages

Menée par les pirogues de tes envies

Tu vogues, vogues, vogues sur les flots de ta vie

 

Vole, vole, vole, à la fleur de ton âge

Revêts ta camisole et prouve à tous ton courage

Cours, cours, cours, fais fi de ton rang

À la nuit comme au petit jour, Fille du vent

 

Plonge dans la brume et traverse les vides

Sur les ponts de fortune de tes cris d’enfant

Au-delà des rives, au-delà du temps

Dans les terres perdues et les érables blancs 

 

Vole, vole, vole, à la fleur de ton âge

Revêts ta camisole et prouve à tous ton courage

Cours, cours, cours, fais fi de ton rang

À la nuit comme au petit jour, Fille du vent

 

Toi qui vois loin et qui cherche le monde

Dans les pays lointains où les nuits sont longues

Tu verras des hommes qui ne rêvent plus

Et quand la vie les assomme, font des âmes perdues

 

Vole, vole, vole, à la fleur de ton âge

Revêts ta camisole et prouve à tous ton courage

Cours, cours, cours, fais fi de ton rang

 

À la nuit comme au petit jour, Fille du vent


AMARANTE, LE NAVIRE

Voix : Féodor Atkine

«  J’en ai porté des hommes et des femmes de ce monde, sous les chaleurs étouffantes des mers équatoriales, loin de tout repère, dans les airs froids, chargés d’écumes boréales, loin de toute frontière.

 

J’en ai porté des charges, comme un corps traine sa peine vers d’autres rivages. J’ai vu s’user mes bois, rongés par les acides des mers trop salées, craquelés par les bousculades des eaux trop mouvementées.

 

J’en ai connu des guerres, mes voiles en sont noircies par les nuages de souffre des canons éclatants. J’ai vu des mats fumants, des hommes en fuite plongeant dans le remous d’une eau souillée par les batailles sanguinaires.

 

J’en ai porté des vies, j’en ai mené à bon port. Ces destins croisés qui parfois se ressemblent.

Que ce seraient-ils dit ?

 

Je porte dans mes voiles ces refrains du passé, des images qui parfois se reflètent dans la brume. Des visages évanescents, leurs regards pointés vers l’avant, chacun guidé par ses certitudes. Ont-ils atteint leurs buts, leurs rêves, leurs desseins ? En sont-ils revenus?

 

Et que reste-t-il dans mes voiles tendues où s’engouffre le levant ?

 

Tous ces souvenirs qui s’ y glissent et s’invitent à l’effort pour nous pousser toi et moi, et tous ceux que je porte, vers les terres inconnues où chante le vent »


CARNET DE VOYAGES

Chant : Yoann Pesenti

Avec : Cyrille Bonneau au duduk, Soazic Le Guisquet à la harpe, Claude Courtieu à l'accordéon, Mercy Bourgeois au chant lyrique  et Baptiste Lavaud au violoncelle

Je dresse une carte des nuages

De souvenirs anciens, revenants

Quelques pages

 

J’ai retrouvé des lettres et des mémoires

Des écrits de leurs mains, en leurs temps

Des récits de calvaires ou de victoires

Que ces gens m’avaient offerts en présents

Eux qui avaient trouvé leur allant

Quelque part

 

J’ai pris dans mes cordages ces grands rêveurs

Quand sonnait dans leur dos, l’hallali

J’ai pris dans mes bardages ces voyageurs

Quand sonnait en eux l’appel de leurs vies

Eux qui avaient trouvé leur folie

Quelque part

 

J’en ai franchi des mers, dans la course des flots

J’en ai vu des colères dans le tournis des rouleaux

Quitteras-tu la terre pour un saut ?

Quelque part

 

Je t’y déposerai à ton vouloir

Je t’y déposerai dès demain

Tu écriras un beau jour ton histoire

Tu écriras ses contours et ses points

Et je t’emmènerai, un matin

Quelque part


Les voiles de l'Amarante

 

©  SACEM - 2025 - Yoann Pesenti